Et si il était temps de faire une pause?

Cet article, je l’ai déjà écrit et réécrit une bonne dizaine de fois. C’est simple, le premier brouillon date du mois de mars… Si j’ai autant de mal à l’écrire et à le publier, c’est sans doute parce qu’il s’agit d’une des décisions les plus difficiles -et pourtant l’une des plus évidentes- que j’ai dû prendre dans ma vie. Alors, je vous laisse avec ces quelques paragraphes qui, je l’espère, répondront à toutes vos interrogations.

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Dans la vie, il m’est déjà arrivé quelques fois qu’une pensée me traverse l’esprit et devienne une évidence, et c’est exactement ce qu’il s’est passé en début d’année. Après des mois, pour ne pas dire des années, passés à en faire trop sur tous les niveaux, une réalité s’est imposée à moi: il est temps de faire une pause.

Ces derniers mois ont été particulièrement difficiles pour moi, et m’ont littéralement mise KO à tous les niveaux. Depuis la faillite de la crèche d’Emma en novembre dernier, nous n’avons jamais retrouvé de place pour elle dans une crèche. En janvier, nous avons, mon mari et moi, pris la décision d’abandonner nos recherches et de nous occuper d’elle à plein temps. Heureusement, Renaud et moi travaillons tous les deux de la maison, et on voit vraiment cela comme une chance de pouvoir passer un maximum de temps à ses côtés, et on s’émerveille tous les jours de la voir grandir et s’épanouir de plus en plus. Mais, comme vous vous en doutez, ceci n’est pas sans contraintes… S’occuper d’un enfant 7 jours sur 7 signifie qu’on doit faire une croix sur pas mal de choses, et prendre quelques décisions difficiles.

En plus de cela, mon état de santé s’est fortement dégradé depuis plus d’un an. Après un accouchement traumatisant, des complications sévères et une thérapie pour guérir mon PTSD, je pensais que le plus difficile était derrière moi… Mais ces derniers mois m’ont prouvé le contraire. Chaque jour, mon état de santé semble décliner et je me sens de plus en plus épuisée. De nouveaux symptômes apparaissent constamment, et je passe énormément de temps entre les cabinets de médecins et les hôpitaux. Heureusement, je me sens enfin bien prise en charge par un médecin interniste et un endocrinologue, mais les délais de plus en plus longs pour obtenir des rendez-vous ou des examens, me font paraître le chemin de la guérison encore bien long.

Pendant plusieurs semaines, j’ai essayé de jongler entre ma vie professionnelle et ma vie de maman, mais les moments dans la journée où j’arrive à trouver le temps de shooter du contenu, de retoucher les photos, de faire du montage vidéo, de rédiger des articles pour le blog ou d’échanger avec vous sur les réseaux sont devenus de plus en plus rares. Au fur et à mesure, un réel épuisement s’est installé et une évidence s’est imposée: je n’ai plus la force de faire mon métier.

Après plus de 13 ans passés à vous partager mes coups de cœur mode, mes conseils beauté, mes bonnes adresses aux quatre coins du monde, mais aussi à me confier sur des sujets plus personnels, comme mon combat contre l’endométriose, mon post-partum absolument affreux et ma santé mentale, je réalise que je n’ai plus la même passion que celle qui m’animait il y a encore quelques mois. Cela est en partie dû à un épuisement physique et mental, en plus du manque de temps, mais j’ai également réalisé que je n’ai tout simplement plus la même passion dévorante qu’auparavant.

Ces dernières années, le métier d’influenceuse a beaucoup changé. L’arrivée de nouveaux types de contenus, comme les Reels ou TikTok, ont rajouté une charge de travail considérable, et une demande (tant de la part des abonnés que des marques) de produire toujours plus de contenu. Certaines marques n’hésitent pas à vous mettre la pression, tandis que d’autres refusent toujours de voir ce métier comme une vraie profession qui mérite un minimum de respect et d’éthique. Certaines marques n’hésite pas non plus à vous lâcher lorsque vous partagez des choses plus personnelles et moins ‘instagrammable’ (j’en ai fait les frais juste après mon accouchement, quand je vous ai partagé mes soucis de santé). De plus, la critique en ligne se fait de plus en plus facile et virulente, et on a l’impression que quoi que l’on fasse, on se fera incendier. C’est simple, par moment, j’avais l’impression d’être la personne la plus nulle au monde.

Au mois de février, ma généraliste a prononcé les mots que je redoutais: burn out. Je me doutais bien que je m’en approchais terriblement: mon cœur s’emballait en ouvrant ma boite mail, je me sentais constamment sous pression et j’avais l’impression de ne faire que du travail médiocre. Mon estime personnelle était au plus bas, et il m’arrivait d’angoisser des jours durant sur de minuscules détails. Mais entendre quelqu’un d’autre prononcer ces mots m’a fait un réel électrochoc. Je suis toujours la première à conseiller à mes proches de faire une pause, d’écouter leur corps, de ralentir… et j’étais incapable de faire preuve de la même bienveillance à mon égard. J’allais droit dans le mur, et même si je m’en rendais compte, je persistais. C’est à ce moment-là que j’ai eu le déclic, et j’ai moi-même été surprise de ce qui m’est arrivé. Du jour au lendemain, j’ai refusé toutes les collaborations et les projets qu’on m’a proposés, j’ai mis ma boite mail en ‘out of office’, et je n’ai plus allumé mon ordinateur pendant des semaines. Pour tout vous dire, j’ai carrément effacé l’application Instagram de mon téléphone, et je dois avouer que cela m’a fait le plus grand bien. Je n’ai pas fait de grande annonce, j’ai simplement décroché et il m’était impossible de m’y remettre.

Et en quelques semaines, j’ai compris que c’était la bonne décision. J’ai réalisé que continuer à faire mon métier ne m’était plus possible. Alors bien sûr, j’ai culpabilisé d’avoir disparu comme ça, du jour au lendemain, sans rien dire. Mais pour la première fois de ma vie, je me suis fait passer avant les autres.

À l’heure actuelle, j’ai donc décidé de faire une pause carrière et de me donner le temps de la réflexion. Je réalise que c’est un énorme privilège que de pouvoir tout plaquer comme ça, du jour au lendemain, et je suis extrêmement reconnaissance d’être en mesure de pouvoir le faire. Je ne sais pas si je reprendrai un jour mon métier d’influenceuse, ou si je changerai totalement de voie. Tout ce que je sais, c’est que je me donne les prochains mois, jusqu’à l’entrée d’Emma en classe d’accueil, pour me reconstruire, physiquement et mentalement. Mes journées sont toujours bien remplies, mais elles sont mieux remplies. Je ne passe plus des heures sur mon ordinateur ou à me prendre la tête pour prendre des photos avec mon trépied. Au lieu de cela, je lis, je fais du sport, je cuisine, je joue avec Emma, je vais me promener avec elle et je profite de moments calmes en famille et entre amis. Je prends le temps, chaque jour, de prendre soin de ma santé, physique et mentale. Et bien que souvent, échanger avec vous me manque terriblement, je sais qu’au fond, j’ai pris la meilleure décision, pour moi et pour mes proches.

Alors, avant de vous quitter, je tenais tout de même à vous remercier du fond du cœur pour ces magnifiques 13 années passées à vos côtés. J’ai énormément appris grâce à vous, et je vous serai éternellement reconnaissante de m’avoir permis de m’épanouir et de vivre de ma passion pendant si longtemps. Je vous souhaite tout le meilleur 🖤